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lundi 1 mars 2010

Un atelier au mont Saint-Hilaire


Le dernier week-end de février 2010, je me suis joint à un groupe d'étudiants en histoire de l'U de Montréal qui partaient en "reading week-end" dans un chalet de la réserve naturelle Gault, au Mont Saint-Hilaire (à 40 km de Montréal) sur l'initiative de Dominique Deslandres, professeur d'histoire à l'UdeM.

Le but de ces deux ou trois jours était à la fois de rompre avec la vie citadine, mais aussi de passer du temps avec des personnes nouvelles (pour les étudiants, il s'agissait de mieux faire connaissance, aussi, et de passer du temps avec des camarades). Comme une partie du weekend est consacrée aux promenades, l'autre aux jeux et activités de toutes sortes (jeux de société ou de cartes, et le vendredi soir nous avons fait une fameuse partie de "boulettes")... Dominique D. m'avait proposé de venir animer un mini-atelier d'écriture avec ceux et celles qui auraient envie de s'y mettre. 

Après une longue ballade en raquettes entre midi et 15 heures et après un casse-croûte de pain de jambon et de fromage, nous nous sommes donc assis avec des blocs de papier, des stylos et des crayons.


Je n'avais pas passé beaucoup de temps à préparer des exercices, j'ai essayé d'en proposer quatre ou cinq qui permettent une progression, les voici :

- écrire un haïku qui mentionne un élément de la nature ou du corps humain, un sentiment et l'écoulement du temps

- écrire la description d'un livre ou d'un film marquant en dix lignes à l'intention d'une personne à qui le faire lire/voir

- écrire une phrase "marquante", puis passer la phrase au voisin, qui doit ensuite prendre cette phrase comme la première d'un court dialogue, et qui doit le poursuivre (sur cinq phrases de dialogue en tout)

- penser très fort à un souvenir agréable puis le raconter, en 15 minutes, vu par d'autres yeux que les siens (autrement dit, s'il s'agit d'un souvenir auxquels sont mêlées plusieurs personne, choisir le narrateur parmi les autres)

J'en avais d'autres en tête (par exemple : décrire un roman qu'on aimerait lire mais qui n'existe pas ; imaginer un personnage historique, à un moment particulier de son itinéraire, le représenter avec un objet signifiant et décrire son état d'esprit, ses projets, ses aspirations, à ce moment précis ; etc.) mais le travail sur ces quatre courts exercices a pris trois heures, pendant lesquelles une douzaine des participantes (c'étaient toutes des femmes, à une exception près) ont travaillé d'arrache-pied, et pour certaines en luttant contre leurs résistances.

Et la confrontation des textes (que les participants pouvaient lire ou non aux autres, rien n'était imposé) a permis de leur montrer certaines choses dont je suis intimement convaincu : quand on sait lire, on sait écrire ; écrire, c'est un travail, pas un don ; dans un groupe de douze personnes, on peut se sentir proche de la manière dont plusieurs autres personnes écrivent, sans pour autant écrire exactement comme elles ; les thèmes comptent moins que le traitement du thème ; c'est le traitement (le ton, la forme, les mots, le rythme) qui est personnel à chaque écrivant

Ça m'a donné encore plus envie d'animer des ateliers, mais des ateliers de longue durée. Un atelier mensuel où je n'inviterais pas seulement les participants à dénouer leurs bloquages mais aussi à partager et à inventer des outils d'écriture, de lecture, de relecture, de correction, de construction...

Ça m'a aussi donné envie d'écrire une sorte de petit livre/atelier qui s'intitulerait "L'écriture pour tous".

"On écrit avec son désir et je n'en finis pas de désirer" (Roland Barthes)
M.