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dimanche 29 novembre 2009

Potins sur le potage (Quand je serai plus vieille, 15) - par Marie-Thérèse

Quand j’ai été plus vieille, j’ai calfeutré toutes mes oreilles

comme pour des fenêtres trop usées dans les interstices à courants d’alizé.

Peut-être n’entendais-je plus rien, que les corbeaux mitoyens, au dehors, du pré voisin

Car ici tous mes chats sentencieux ronronnaient, surveillant la soupe aux citrouilles,

qui, Elle, indifférente orange, clapotait et ronchonnait.



J’avais appris une recette recopiée sur mon lit, dans Femme Actuelle, avec de la Vache qui Rit

Un peu de lait et quelques poivrières, dès lors on me prit pour la sorcière du placard à balais. Celle que j’ai chassée un jour, à coups de tapette à mouches, certes mais, avec grand amour.

Une de mes dents venait de me quitter, et la facture du gaz gisait, gluante sur l’évier.



Quand j’ai été plus ancienne, j’ai replié toutes mes antennes

car le Grand Monde m’ inquiétait par ses torrents d’iniquité.

Tous ces allumés en cavale et leurs rudes manies de vandales

aux prises avec leur gros nombril, une impossibilité de regard subtil.

J’avais appris une autre recette, feuilletée près de la fenêtre

dans le magazine ELLE, à la section du cas par cas.

Un onguent contre le mal d’oreilles et toutes les tristes saturations.

Or on me prit pour la pharmacienne, celle des grands bosquets déglingués

que je soudoie de temps en temps, pour soulager mes petites hernies sentimentales

et ces déficits de silence qui m’empêchent de préparer , mieux encore, ma meilleure mort.



Je la sais verticale.



Quand j’aurais été plus vieille, j’aurais ri comme une treille

secouée par des vendangeurs bègues, ruisselante et ahurie.



Lyon (France) Marie-Th . Peyrin
La Cause des Causeuses
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