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lundi 12 octobre 2009

Hubert VS Hubert - par Martine Bourguignon (Crime parfait)

OBJET : AFFAIRE HUBERT ET HUBERT

RAPPORT des OPJ MANKELL Sophie et LEPAGE Francis.

Le lundi 14 septembre 2009 à 22h30, nous sommes requis téléphoniquement par un individu désirant garder l’anonymat. Lors d’une visite à un ami il a été le témoin auditif d‘une violente dispute entre les deux occupantes de l’appartement voisin, le 221 b de la Résidence des Mésanges, 15 rue du Grand Marché. Selon cet ami les relations entre Madame Veuve Clémence Hubert et sa belle-fille Agathe se seraient sérieusement dégradées depuis le décès de Charles Henri Hubert le 4 février 2009.

Nous décidons de vérifier derechef les dires de l’individu. Nous arrivons sur site à 22h46. L’endroit est calme. Nous sonnons au 221b. La susnommée Agathe Hubert s’étonne de notre prompte arrivée, ayant appelé le central seulement quelques minutes auparavant pour signaler le décès soudain de sa belle mère pendant la diffusion de Derrick. Force est de constater que Clémence Hubert git sans vie sur un large canapé de cuir de couleur ivoire.

La bru, désorientée, se brûle avec la verveine qu’elle boit machinalement. Elle répond nonobstant d’assez bonne grâce à nos questions. Sans nier l’existence des querelles elle nous livre sa version des faits. Sa belle-mère n’a jamais digéré le mariage de son fils, propriétaire de la plus grosse officine de la ville, avec une préparatrice en pharmacie de douze ans sa cadette. Clémence Hubert lui a rendu la vie impossible, jusqu’à la harceler avec toutes les séries de TF1 qu’elle regardait à haute dose depuis la dégradation de son état de santé.

La belle fille ajoute qu’elle lui a pourtant offert un lecteur/graveur dernier cri ainsi que de nombreux DVD pour tenter de la distraire. La fragilité cardiaque de madame Hubert est confirmée par un simple appel à son médecin traitant à 23h. Nous concluons que la cause du décès est accidentelle.

À 23h02 Sandrine Hubert perd connaissance. Nous pratiquons les gestes d’urgence, les secours arrivent à 23h10. Toutes les tentatives de réanimation restent vaines. Le décès est prononcé à 23h58.

Le 20 septembre nous recevons le rapport d’autopsie du docteur Scarpa. La mort a été causée par l’absorption d’un puissant narcotique dissous dans une grande quantité de liquide. Nous reprenons l’enquête de voisinage qui ne révèle aucun élément significatif hormis l’animosité croissante entre les deux femmes. La mort d’Agathe Hubert aurait permis à sa belle-mère de récupérer tous les biens de son défunt mari. Le mobile du crime semble évident.

Notre conscience professionnelle nous interdit cependant d’écarter tout de go la thèse du suicide. Le 22 septembre nous décidons de procéder à une ultime vérification dans l’appartement des défuntes. Après trois heures de fouilles minutieuses nous trouvons un DVD suspect sous le canapé. Nous l’introduisons dans le lecteur. Trois minutes et trente deux secondes après le début d’un épisode de Derrick apparait le visage blafard de Charles Henri Hubert. D’une voix caverneuse, il s’adresse à sa femme : ‘Clémence, c’est moi, Charles Henri, regarde-moi, Clémence, écoute-moi, je vais bientôt venir te chercher…..’

Nous n’avons pu établir pourquoi les meurtrières ont choisi le même soir pour accomplir leur forfait. Chacune des coupables étant également victime dans ce double meurtre avec préméditation, nous déclarons l’affaire classée.